24H du Mans Motos 2018 (41e édition)
Le Team MetisS et son nouveau prototype moto MS18
à l'épreuve du feu

Résumé qualifications et course
 

 Ecrit par webmestre │22 Avril 2018 │m.à.j. 28/04/18│renna.fr

Après les premiers tours de roues du tout dernier prototype JBB du Team METISS, la MS18, une semaine avant l’épreuve des 24h du Mans Motos, la 41e du nom, l’équipe MetisS rentra dans sa semaine des 24H. L’équipe pu faire un dernier test le Mardi avant d’attaquer les qualifications du Jeudi et Vendredi avec le prototype MS18 brut de décoffrage qui laissa apparaitre un petit problème de surchauffe moteur qui n’avait pas été relevé lors des premiers tours de roues la semaine dernière. Il est vrai que ces 2 premières journées de dévernissage c’étaient passés les ¾ du temps sous la pluie et avec une température beaucoup plus basse.
La MS18, n’ayant pas de cadre, est très fine comparée aux autres machines à cadre permettant ainsi d’améliorer son aérodynamisme. La MS18 n’a pas besoin d’une grande ouverture pour refroidir ses radiateurs comparativement à une moto à fourche qui doit compenser l’obstruction de l’air pas les deux tubes de fourche avec une ouverture plus grande de ses carénages. Mais cet avantage aérodynamique doit prendre en compte un excellent convoyage de l’air en direction de ses radiateurs. C’est ce à quoi l’équipe MetisS s’est attelée à la tâche juste avant d’attaquer les qualifications.

Les qualifications arrivèrent très vite pour l’équipe MetisS en pleine découverte du nouveau prototype JBB sans cadre à train avant T.S.S. (Triangular Steering System).
Qualifications qui virent les trois pilotes (Hervé Chéron, Martin Renaudin, Emmanuel Chéron) progresser au fur et à mesure des tours avec au final le 48e temps des qualifications avec un temps cumulé de 1’41’’934. Hervé Chéron réalise un chrono de 1’41’’429 et s’octroie le meilleur temps de l’équipe alors qu’il n’a découvert la moto que depuis une semaine. Martin Renaudin qui lui aussi n’a découvert la moto que depuis une semaine réalise le 3e temps de l’équipe avec un chrono de 1’42’’690. Et Emmanuel Cheron quant à lui réalise un chrono de 1’41’’684 et bat son record du tour en qualification sur ce tracé.
Avec un prototype réalisé de A à Z en moins de 11 mois, après seulement une semaine de dévernissage, avec 2 pilotes inexpérimentés sur ce type de moto, avec un pilote qui découvrait également les joies de la 1000cc et un pilote référence sur ce type de prototype qui bat d’entrée son propre record au tour, on peut dire que la MetisS MS18 est bien née et que son potentiel ne demande qu’à être développé pour performer.
Tout cela en sachant qu’il était interdit pour les pilotes de faire la moindre chute puisque la MS18 n’existe pour le moment qu’en un seul exemplaire faute de temps et de budget. Ce qui parait « fou » pour une course d’endurance où toutes les équipes disposent d’au moins 2 machines identiques une pour les essais et une pour la course, voir une troisième uniquement pour prélever des ensembles de pièces pour la course en cas de chute.

LA COURSE

L’heure du départ tant attendue par l’équipe MetisS arrive. Il est 15h et on peut sentir dans l’air que cette 41e édition des 24h du Mans Motos sera une édition épique au vu du nombre de marques, de motos d’usine, de pilotes de renom issus du Mondial de vitesse et de la chaleur atmosphérique digne d’un mois de Juillet.
Dans cette atmosphère sulfureuse de la course et du départ d’une épreuve de 24h en épi, le Team METISS va être d’entrée dans le vif du sujet pour un prototype d’Endurance aussi novateur qui n’a qu’une semaine d’existence. Hervé Chéron le pilote le plus rapide aux qualifications ne va pas réussir à démarrer la machine dû à un nouveau problème électrique. Il arrivera quand même à s’élancer avec l’aide du mécanicien qui tenait la moto comme cela se fait dans ce genre d’épreuve.

Hervé Chéron, pilote de la MetisS #45, n'arrive pas à démarrer la moto
On peut rappeler à ce stade que l’équipe MetisS n’avait pu se présenter aux préliminaires des 24h du Mans Motos faute de faisceau électrique terminé à temps. Il est vrai également que ce nouveau moteur (L7) emprunté à la Suzuki 1000 GSXR 2017 amenait un plus avec sa nouvelle électronique embarquée, mais comme nous le rappelions en présentation de la MS18, cela implique également une certaine maitrise et un développement dans l'intégration à la moto. Intégration que le Team du SERT, maintes fois championne du Monde d’Endurance Moto, avait repoussé d’un an préfèrent laisser le Junior Team (Team satellite du SERT en catégorie Superstock) mettre au point et fiabiliser cette toute nouvelle électronique chez le constructeur d’Hamamastu.
Et c’est notamment cette électronique qui est venue embêter, à plusieurs reprises, la bonne marche de la MS18. Pannes très chronophages et toujours délicates à en trouver l'origine. Après 3h30 de course, une chute d’Hervé Chéron interviendra au niveau de la Chapelle qui aura eu comme intérêt de voir comment se comportaient les éléments constituant la machine face à une telle situation sur ce nouveau prototype MS18 sans élément de cadre. Les éléments de protection, indispensables sur une moto d’endurance, ont bien joué leur rôle puisque Hervé Chéron pourra ramener la machine moteur allumé sans trop de dégâts. Malgré un meilleur temps en course de 1’41’’747, soit quasiment le même temps qu’en qualification, le Team METISS devra abandonner au matin (5h avant la fin de l’épreuve) suite à une perte de puissance dû à une surchauffe moteur qui risquait à terme d’engendrer une éventuelle casse moteur. Pour éviter tout risque de chute aux pilotes face à une casse moteur et préserver par la même celui-ci pour les prochains défis à venir, le team Manager décida d’en rester là dans cette 41e édition des 24H du Mans motos, véritable test grandeur nature pour le nouveau-né MS18.

Certes l’équipe MetisS est déçue de ne pas arriver au terme de ces 24H, mais les 19h d’épreuve accomplies sous un soleil ravageur (21 abandons sur 60 équipages au départ) ont permis d’emmagasiner un grand nombre d’informations indispensables au développement de ce nouveau-né. Soit la mise en évidence de problème de fiabilité du faisceau électrique, de problème de refroidissement moteur malgré la modification de dernière minute durant les qualifications et une faiblesse de conception au niveau des brides d’amortisseur. Mais nous avons pu constater également depuis toutes ces années de développement du T.S.S. que le système de freinage, propre à la MetisS, est arrivé à une très bonne fiabilité puisque que ne rencontrant aucun problème durant cette épreuve très ensoleillée qui à vue pratiquement tous les TOP Team du Mondial d’Endurance Moto rencontrer des problèmes récurrents de frein imposant de nombreux arrêts au stand pour certain et devoir changer plusieurs fois leur système de freinage.
Ce nouveau prototype a montré un énorme potentiel et révélé durant ces 19H de courses les points sur lesquels l’équipe MetisS devra travailler pour de nouveau être aux avants postes.

L’équipe MetisS tient à remercier tout particulièrement ses partenaires et tous ceux qui n’ont pas hésité à travailler jusqu’à pas d’heure et doubler leurs journées pour faire en sorte que la MS18 puisse prendre le départ de cette prestigieuse épreuve d’endurance moto que sont les 24H du Mans Motos. L’équipe MetisS tient également à remercier tous ses fidèles supporters et leurs donne rendez-vous bientôt pour la suite de cette aventure mécanique, technologique, sportif et humaine.

 
 
 

Mardi...
Les pilotes, Hervé Chéron, Martin Martineau et Emmanuel Chéron ont fait des ronds toute la journée sans aucun problème, mais la moto chauffe beaucoup. Environ 100° en roulant. Dès qu'ils s’arrêtent, c'est pire! A tel point d'arriver à allumer le voyant de température et à faire fuite le radiateur par sa soupape. 

Mercredi...
Christophe, Guillaume, Claude et Laurent, ont fabriqués sur place, des écopes et extracteurs d’air en tôle d’aluminium soudés aux radiateurs. Ils ont également mis à contribution Christophe Bihr de Automotive, qui a fabriqué des petits déflecteurs sur les ouïes des flancs de carénages pour provoquer une dépression et extraire l’air chaud de la moto. 
De leur coté, les deux Cheron ont installés un système un peu à la « Hussarde » pour avoir un voyant d’essence de réserve. Un peu à la « Hussarde », car devant le manque de temps pour trouver une solution « recevable » avec la base électronique du GSXR 2017, ils ont vampirisé des morceaux de la MetiS MS15 (dont son compteur), et son aller le cacher sous la selle pour ne récupérer que la fonction voyant d’essence.

Jeudi et Vendredi...
Les essais libres se passent bien, la moto chauffe toujours, mais c’est mieux ! On n’atteint plus le mode bouilloire et les mécanos placent des ventilos lors des arrêts de la moto. Ce n’est pas top, et de plus en plus, nous nous demandons si la jonction soudée entre les deux radiateurs ne fait pas un goulot d’étranglement !? Affaire sous investigation…
Lors des qualifications, nous sommes encore loin. 47ème !  Nous trouvons des réglages qui conviennent aux 3 pilotes et Eric Delcamp dégrossit des réglages de suspension. Il a encore beaucoup à faire dans ce domaine, mais pour cette semaine et sans les acquis de données, on se contentera de ça pour la course.
A noter qu'Emmanuel améliore son meilleur chrono personnel dès la première participation de cette moto ! Comme il est notre seul référence comparable, c’est encourageant pour toute l’équipe et plutôt de bon augure pour la suite du développement. 
Le vendredi, les mécanos bétonnent la moto pour la course : Contrôle des couples de serrage, montage de fils frein un peu partout et gros check up général sur la moto. Christophe Roboam monte un embrayage renforcé en lieu et place de celui d’origine suite aux retours d’expériences de l’an dernier des autres équipes. 


Samedi...
On commence le warm up. Très vite Emmanuel tombe en panne au chemin aux bœufs! Le fusible général 20A est grillé et changé mais sans comprendre pourquoi. Puis Hervé et Martin font des ronds sans problème. 

LA COURSE...
Hervé prend le départ, mais après seulement 15' de course, la moto ne passe plus au chronométrage. On voit apparaitre sur les écrans que la 45 revient en camion. Je retourne au box et Stéphane Vadé m’envoie à la recherche d‘ officiels pour confirmer le point de livraison du camion.  La moto revient finalement au box mais il y a quelque chose qui fait masse. Des gerbes d’étincelles apparaissent lorsqu’on triture un peu le faisceau.  On trouve le coupable des étincelles, un fil qui frotte contre un élément faisant la jonction moteur partie-cycle (en lieu et place du cadre). Pour autant, on a toujours la panne et le fusible grille toujours. Emmanuel finit par déconnecter le shifter. Ça marche ! La moto repart avec Martin mais, sans shifter, les pilotes devront passer les rapports à la volée durant toute la course. On perd énormément de temps dans la bataille : autour de 30 mn peut être… ?
Le 1e relais de Martin se passe bien. A la fin des relais, la stratégie veut qu’on indique aux pilotes le nombre de tour restant, T03, T02, T01, BOX, puis IN jusqu’à ce que le voyant de réserve s’allume. 
L’équipe de mécano se prépare à l’accueillir, mais nous sommes tous étonnés de le voir prolonger encore son relais. Panneauté « IN » pendant 2 ou 3 tours encore, il finira par rentrer au voyant de réserve. On se dit tous que la moto ne consomme pas.
Emmanuel fait ensuite son relais sans problème. 
Hervé, qui avait été malheureux dans son premier relais, reprend le guidon, mais il s’en mettra une a 10 tours de la fin, dans le virage de la Chapelle. La moto revient une nouvelle fois en camion…. 
La moto n’a presque rien, Hervé non plus et la moto repartira très vite. 
Puis Martin, qui nous avait surpris avec des consos très basses pendant son premier relais, réitère le truc, mais cette fois ci le voyant ne s’allumera pas et tombera en panne au bout de la courbe Dunlop…  Je file avec Antonin en haut de la ligne droite des stands réceptionner Martin qui rentrait à la poussette. 
Le voyant, il marche mais pas à tous les coups visiblement : On arrête de s’y fier et quand on panneaute BOX, les pilotes doivent rentrer immédiatement désormais. 

Puis ce fut plus calme, enfin !  Les relais se sont enchainés jusqu'au cœur de la nuit sans incident. Enfin… jusqu’à ce que Martin dût rentrer au milieu de son relais suite à un problème de phare avant - un comodo vite changé, et il reprit la piste avec le plein d'essence. Il rentrera à nouveau quelques tours plus tard : Il n'a plus du tout de grip à l'arrière –  Crevaison lente.... 
Il reprend son relais avec le rajout d'essence, mais vers son 50e tour cumulé (équivaut à un relais et demi), les chronos s’effondrent et Stéphane Vadé sera obligé de le faire rentrer. Il est épuisé notre Gamin et a de fortes douleurs (aux cotes je crois ?). Et puis on est déjà loin au classement de toute façon. 
Emmanuel prend son relais, puis Hervé, puis Emmanuel à nouveau pour donner un peu plus de temps de repos à Martin, puis Martin. 
Martin reprend son relais dans des chronos très corrects et fait son job sans sourciller.

Hervé prend ensuite sont relais. Le jour se lève. La moto va bien. Les chronos d'Hervé aussi. Dans la cabine de chronométrage, on commence à sentir la chaleur du soleil. Ça fait du bien et je commence à me dire qu’on va y arriver à franchir cette arrivée !!!
Hervé me fait un signe de la botte vers 10 tours avant la fin de son relais, j'alerte le box et l’équipe de mécaniciens se prépare à sa rentrée. Mais non ! Il continue et finira son relais. Fausse alerte ? En fait non ! Le système de réglage de garde de frein est cassé et la poignée est "super loin" disait Hervé. 
Emmanuel, qui ne veut pas faire l'intervention pour le moment, prend son relais et se contentera du frein. (Sans doute voulait-il attendre une intervention plus longue, comme le changement de plaquettes, pour faire cette opération en temps masqué... ?)

Il s’avèrera que c’était en fait son dernier relais : 
Emmanuel rentre : Il n'a plus de puissance. Les mécanos rentrent la moto dans le box, et retirent les carénages. 
On commence à constater les dégâts laissés par la course sur la moto : une vis de bride d'amortisseur cassées à l'avant et à l'arrière, une attache du collecteur cassée également. On répare tout ça rapidement, mais quid du moteur ? 

On le fait tourner à vide : il prend ses tours. 
Emmanuel dit : "ça me donne l'impression d'un moteur qui est en train de serrer - plus de puissance - il ne prend pas ses tours"
Christophe Roboam fait tourner le vilo à la clé mais ne sent rien de particulier à cause de la compression.
On se pose la question de savoir si c'est une panne mécanique ou électronique et on évoque la possibilité de rouler quand même avec moins de puissance. Même si Emmanuel n'est pas chaud du tout d'un point de vue sécurité, et du fort risque de se faire percuter. 
Hervé arrivé avec son ordinateur et lance un diagnostique électronique : RAS.
On a déjà 111 tours de retard dit Pascal, le team manager, "même si on continue pour franchir l'arrivée, on ne sera pas classé".
Si on continue, on risque la casse franche et une liste de frais de réparation qui va considérablement s'allonger. On suppose que les chauffes répétées ont affecté la santé du moteur.
Emmanuel, Stéphane Vadé et Pascal Froger tranchent : "On abandonne". Il est 9 heures et quelques.
Grande déception dans le box.


 
 



- PHOTOS -
(crédit Grégory Stein)


   
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