Team METISS #45
Prototype Moto d'Endurance MetisS à TSS-2 (concept JBB)

24H du Mans Motos 2025
(Championnat du Monde d'Endurance Moto FIM - catégorie EXPERIMENTAL)
L'Épreuve aux 160 chutes !!!
 

 Ecrit par webmestre | 03 Mai 2025 | renna.fr

Parade Place des Jacobins - Le Mans centre ville | Team METISS | 24H Motos 2025

pour la 20e participation d’affilée aux 24H Motos du Team METISS, celle-ci abordait l’épreuve avec de toutes nouvelles couleurs et un tout nouveau prototype, la MetisS MS24, avec son nouveau moteur porteur Honda (1000 CBR-RR v.2023), en lieu et place de l’indétrônable moteur Suzuki (1000 GSXR-R) utilisé dans ses différents millésimes au cours du temps.
Sur un nouveau prototype n’ayant fait sa première sortie en Endurance lors du Bol d'Or 2024 et sa première sortie en Vitesse lors de la première manche du Championnat de France Superbike (FSBK) au Mans quelques semaines plus tôt, autant dire que le développement de cette MetisS MS24 n’est qu’à ses balbutiements. D’autant plus que le dernier né des moteurs Honda (CBR 1000 RR, datant de 2023) souffrait d’un problème de conception le rendant très fragile, fut revisité par l’imposition d’un nouveau kit moteur pour toute machine à moteur Honda juste avant le début du Championnat du Monde d’Endurance Moto FIM 2025, donnant à l’équipe METISS un travail supplémentaire de dernière minute, et souffrant d’autant plus de développement.
 


24H du Mans Motos 2025 | Team METISS #45

La semaine dédiée à l’épreuve de la 48e édition des 24H Motos fut donc l’occasion de mieux connaître le fonctionnement de ce nouveau prototype, tant au niveau châssis que moteur, tout en cherchant les bons réglages pour la première manche du Championnat du Monde d’Endurance Moto FIM sur le circuit Bugatti du Mans. Les anciens pilotes METISS (Gabriel PONS, Ludovic RIZZA, Joe AKROYD), comme le nouveau pilote Belge Côme GEENEN eurent seulement les séances d’essais libres du Mardi d’avant épreuve, pour découvrir toutes ces nouveautés, et engranger les diverses données pour arriver aux qualifications dès le Jeudi 17 Avril pour la Q1 et les essais de nuit, en enchaînant avec la Q2 du Vendredi matin 18 Avril avant la course, dont le départ était prévu pour le Samedi 19 à 15H, début des 2 tours d’horloge finissant à 15H le Dimanche 20 Avril.
 


24H Motos 2025 | Team METISS #45 | Qualification

Les qualifications (Q1 & Q2) furent surtout l’occasion de régler la moto pour la course, et non chasser le chrono, tant la tâche de découverte et de développement étaient grandes pour le dernier né de la marque MetisS®. Aussi la Team METISS décrochait une 30e place sur l’épi de départ avec un meilleur temps d’équipe de la part de Gabriel Pons en 1’38’’919, Ludovic Rizza en 1’39’’987, Joe Akroyd en 1’40’’093 et Côme Geenen en 1’41’’930, soit un temps qualificatif moyenné de 1’39’’453 (P30).
 


24H Motos 2025 | Team METISS #45 | Épi de départ

Le jour et l’heure de la course étaient venus, avec une météo à l’opposé des qualifications, puisque la pluie s’était invitée pour corser le tout, se voulant être le chef d’orchestre de cette 48e édition qui verra le record de chutes de l’épreuve mancelle battu avec pas moins de 160 chutes (Le film du Team METISS aux 24H Motos 2025 s’en fera malheureusement parfaitement l’écho) !
Pour le départ, dans ces conditions délicates, le destin de l’équipe METISS reposait sur les épaules (et c’est peu de le dire quand vous connaîtrez le déroulement de l’épreuve) du pilote METISS anglais Joe AKROYD qui fût très valeureux dans le premier tour pour se placer en 27e position dans le brouillard d’une piste détrempée aux 53 machines rugissantes roulant en paquet.

Malheureusement, après 15’ de course, J. Akroyd partit à la faute comme bon nombre de pilotes (dont les pilotes officielles de tête) et ne put ramener la machine moteur allumé, ce qui demanda beaucoup de temps pour le retour au stand. Soit 30’ et 17 tours de perdus pour repartir bon dernier.


Après 15' de course, J. Akroyd part lui aussi à la faute.

Gabriel PONS repartira en accrochant le TOP 20 des meilleurs chronos en piste sur une asphalte toujours humide. Au vu de ces conditions météorologiques asséchant la trajectoire, G. Pons, ayant bien pris la mesure de la piste, doublera son relais en repartant en slicks. Ce qui lui permit de faire le 3e meilleur temps à ce moment donné de la course en 1’45’’950. Mais la pluie refit son apparition et G. Pons chuta avant de pouvoir revenir au stand.
De nouveau 12’ de perdues avant que Ludovic Rizza ne parte pour son premier relais avec des pneus pluies.
Après 5 heures de course où la piste restait très piégeuse, la MetisS #45 remontait en 36e position avec des temps au tour dans le TOP 15 avec G. Pons au guidon, puis 33e à la 8e heure de course, avant que J. Akroyd ne se fasse de nouveau piéger, comme la plupart des autres pilotes. Mais cette fois-ci, la chute fut rude et l’épaule gauche de Joe s’est luxée tout en réussissant à la remettre tout seul sur le bord de la piste et pouvoir ramener la moto au stand. Pendant que les mécanos du Team METISS étaient à l’œuvre, Joe passait par la PC Médical pour inspection et savoir s’il avait l’autorisation de continuer l’épreuve (autorisation finalement accordée). Pendant ce temps-là, c’est G. Pons qui reprit la piste après que l’équipe ait perdu encore 37’ au total dans cette 3e chute.
Alors 40e, à 1h40 du matin, Joe Akroyd put reprendre un nouveau relais, mais 10’ plus tard il rentre au stand car son épaule s’est de nouveau luxée toute seule sur la moto sans chuter. Cette fois-ci, c’est le docteur du PC Médical qui remit l’épaule en place après radio, et c’est avec un bras dans une attelle Dujarrier que Joe ressortit du PC Médical avec interdiction de reprendre l’épreuve. Conséquence, la Team METISS doit finir les 15 heures de course restantes avec seulement 2 pilotes.


Il ne resta plus que L. Rizza et G. Pons pour terminer les 15H de course.

Cela ne démotive nullement l’équipe aguerrit à l’Endurance. Bien au contraire, le mental de guerrier de G. Pons parle, et dans son prochain relais, sur une piste séchante, en pneus intermédiaires Pirelli, il réalise le meilleur temps de l’équipe en course en 1’43’’312.
Malheureusement le sort s’acharne sur l’équipe où L. Rizza alors en piste, se voit sortir par la #33 (Team 33 Louit April Moto) et chute lourdement sur l’épaule. De nouveau 40’ de perdues dans cette 4e chute d’équipe.
Mais là encore, ne sachant pas si L. Rizza pourra assurer tous ses relais rapprochés jusqu’à la fin, puisque n’étant plus que 2 pilotes pour finir la course, Gabriel PONS prend son relais et bat de nouveau le meilleur temps de l’équipe en course en 1’42’’574.
Le destin s’acharne une nouvelle fois, à 4h30 du matin, G. Pons est pris dans une chute collective de 6 motos à la sortie des S bleus sur une plaque d’huile, qui déclenchera d’ailleurs le premier Safety Car de l’épreuve.

À 5H du matin, vu les conditions de piste, le nombre d’heures de course restant avec uniquement 2 pilotes, dont l’un physiquement touché, le Team Manager décide de signer la feuille d’abandon, privilégiant l’intégrité physique des pilotes avant tout.
 

Le terme d’ÉPREUVE, dans cette 48e édition des 24 Heures Motos 2025 aux 160 chutes, ne fut vraiment pas galvaudé. Même la Légende du TT de l’île de Man, la course sur route la plus dangereuse au monde, Michæl Dunlop (pilote de la #90) dira lors d’une interview durant la nuit « ... je me demande ce que je fais là... ».


Rendez-vous est donné du 18 au 21 Septembre 2025 sur le circuit Paul Ricard au Castellet pour la 88e édition du Bol d’Or.

 
 
 
 
- FILM DES 24H MOTOS 2025 DU TEAM METISS -
 
 
 

- par GABRIEL PONS -
(pilote METISS)

Me voilà rentré chez moi à Toulouse, une bonne nuit de sommeil après plus de 36h sans dormir. Un terrible goût d'inachevé me pousse à déjà écrire le bilan de cette semaine des 24h du Mans 2023 avec le Team METISS.
Nous nous sommes alignés à cette 46e édition animés par un profond désir de revanche après les échecs des éditions 2021 et 2022 lors desquelles nous avions terminé les courses très loin au classement suite à de lourdes chutes, et ce malgré une très bonne vitesse en piste et lors des ravitaillements. Dans cette optique, le courageux Team METISS a travaillé d'arrache-pied depuis des mois afin de réunir une bonne fois pour toutes une moto et des pilotes performants, ainsi que le budget nécessaire à poursuivre nos ambitions. Sur les plans sportifs et techniques on sait parfaitement que le potentiel est là pour emmener l'incroyable METISS MS22 dans le Top-10 scratch à l'issue des deux tours d'horloge.
Notre saison a d'ailleurs superbement démarré (si l'on occulte le fiasco des deux jours de winter tests au Vigeant), avec de superbes performances au FSBK du Mans, lors desquelles nous avons réussi à parfaitement adapter la moto aux pneus Pirelli que nous utilisons cette année. Lancés dans cette bonne dynamique, nous avons réalisé d'excellents essais Pré-Mans et une semaine précédent la course sans-faute, récompensée par la 18e place scratch des qualifications parmi un plateau de très haut niveau et riche de 55 équipages internationaux. Cela a d'ailleurs été la meilleure place en qualification de l'histoire du Team METISS aux 24h du Mans !
Pour la première fois de ma carrière au sein du Team METISS et grâce à cette semaine exempte de problèmes et autres contre-temps, nous abordons la course en pleine possession de nos moyens. L'équipe a eu tout le temps nécessaire de préparer la moto de course aux petits oignons et nous avons également eu du temps pour préparer notre course du mieux possible en termes de planning et de briefing. Nous validons d'ailleurs la moto de course samedi matin au warm-up avec un très bon feeling général et avec la joie de retrouver un moteur "frais" et donc plus performant que celui que nous utilisions jusque là.
C'est donc baigné d'une REELLE sérénité que j'aborde cette course, avec l'indéfectible sentiment que l'heure de la concrétisation à sonné. Brutal changement d'ambiance lorsque la moto tombe en panne électrique à la sortie des esses bleus alors que je l'emmène sur la grille de départ... J'arrive malgré tout à rallier la grille sur l'élan et Antonin le plus jeune mécanicien de l'équipe me pousse de toutes ses forces jusqu'au stand. Le problème est rapidement décelé et réparé : c'est le coupe-contact (pourtant monté neuf) qui ne fonctionne plus. Nous pouvons heureusement rejoindre notre 18e position sur la grille et prendre le départ sans être pénalisés.
Quinze heures, départ ! Je prend un superbe envol mais Kevin Manfredi sur la Yamaha 777 se satellise sous mes roues, ce qui me fait perdre énormément de terrain. Passé un premier tour un peu anarchique, je prends mon rythme mais suis immédiatement en proie à de gros problèmes de freins, avec une garde au levier qui n'arrête pas de varier. Je décide d'adapter mon rythme en conséquence et d'essayer de rester en piste jusqu'au bout du relais, afin de pouvoir informer l'équipe, puis de pouvoir anticiper et planifier la réparation. J'informe évidemment Camille qui prend mon relais et assurera "l'intérim de la survie" en piste. Le problème sera résolu pendant le 3e relais assuré par Hikari, nous perdons 8 minutes dans l'opération soit 5 tours et sommes donc relégués en fond de classement. Les espoirs de Top-10 se sont déjà envolés... La fautive dans l'histoire était la molette de réglage de garde déportée elle-même (pourtant également montée neuve) dont le serrage insuffisant n'empêchait pas le doigt de rattrapage de garde de tourner lors d'efforts importants au levier. J'ai vraiment cru rêver quand j'ai su ça, comment être plus poissards ?
Ce problème désormais résolu, nous sortons la grosse attaque afin de remonter et pourquoi pas sauver un top-15. Les conditions en piste sont particulièrement difficiles, il fait très froid et il y a beaucoup de vent ce qui entraîne de nombreuses chutes. A la force du poignet nous réintégrons le top-30 en fin d'après-midi. Hélas, mille fois hélas mon équipier Hikari part à la faute à la sortie du chemin aux boeufs dans des circonstances étranges et encore inexpliquées. La moto est suffisamment endommagée pour ne plus être roulante et il est obligé de recourir au camion d'assistance pour ramener la moto au box. Les mécanos réussissent à la réparer très rapidement, mais cette nouvelle désillusion nous a fait perdre 30 minutes : retour en queue de peloton, aux alentours de la 50e place.
La nuit tombe et le froid avec, il fait moins de 5 degrés mais nous continuons d'attaquer à 110%. De mon côté je ne lâche également rien, résolu à montrer s'il était encore nécessaire les capacités de la MetisS MS22 en piste. Il est d'ailleurs d'autant plus rageant de constater notre niveau de performance : nous sommes régulièrement parmi les 10 plus rapides en piste... Je réalise tout au long de la nuit de très bons chronos, réguliers en 1.39 / 1.40.
Au guidon, je prend un plaisir fou et la fatigue ne me fait pas (encore) souffrir. La belle MetisS est fidèle à elle-même : incroyable d'efficacité, nous la faisons virevolter avec bonheur au milieu du gratin mondial de l'endurance. Le feedback, la constance et le grip des pneus Pirelli fait merveille, le feeling des trois pilotes est très bon. L'équipe reste 100% mobilisée et nous gratifie de ravitaillements rapides et efficaces. Au lever du jour, la brume envahit le circuit et nous sommes toujours aussi rapides : des tréfonds du classement, nous sommes revenus à la 22e place !
Et encore une fois : "malheureusement"... Une fuite d'huile dont nous n'arrivons pas à déterminer l'origine se déclare aux alentours de 8h du matin. La fuite empire jusqu'à ce que ce ne soit plus raisonnable de continuer à rouler, autant pour nous que pour nos concurrents. Nous rentrons la moto au box afin de démonter ce qu'il faudra pour trouver l'origine de la fuite. Quelques minutes plus tard, le verdict tombe : le carter moteur central inférieur est fendu au niveau de l'alternateur. On tente une réparation à la soudure à froid en vain, et la mort dans l'âme nous signons l'abandon un peu avant 11h du matin...
Mon dégoût est tel que j'en ai les larmes au yeux, et ça c'est une première pour moi. Je reste donc quelques minutes au lit pour digérer un peu avant de descendre au box voir l'équipe (j'en ai d'ailleurs toujours la gorge serrée en rédigeant ces lignes)... quel PUTAIN de dégoût ! Au box, l'équipe est fidèle à sa ligne de conduite : personne n'a arrêté de bosser et le box est déjà en cours de rangement.
Aujourd'hui je me sens démuni. J'ai la conviction que la MetisS MS22 est la meilleure moto privée du plateau vu les performances qu'elle nous permet de faire et j'ai aussi la certitude que l'équipe de ravitaillement est à un excellent niveau. Jusqu'à samedi 15h j'avais l'absolue certitude que cette fois on avait tout bien fait, que le niveau de préparation de la moto et de l'équipe était le meilleur que l'on puisse avoir et malgré tout nous avons une fois de plus souffert de problèmes de fiabilité inédits auxquels on ne peut pas faire grand chose.
Je ne vois que difficilement ce qui pourrait être fait de plus à l'heure actuelle, à l'exception de quelques détails comme faire faire plus de kilomètres à la moto de course avant la course pour assurer un peu plus le "débuggage" ce qui est évidemment à double-tranchant puisqu'on veut toujours garder la moto de course la plus "neuve" possible. Incontestablement le manque de budget est un facteur aggravant à tout cela, un poil plus de capacités financières permettrait de faire gagner du temps à l'équipe et d'avoir une infrastructure et des moyens techniques de meilleure qualité.
Nous les pilotes, on a la partie facile : on se fait plaisir sur la moto et la partie difficile de notre job ne dure que 24h. Pour l'équipe cet échec est l'anéantissement de plusieurs mois de travail acharné lors desquels ils ont conçu, fabriqué de toutes pièces et développé une moto prototype unique au monde, en plus de tout le reste des travaux nécessaires à aligner ce projet fou sur une course d'endurance de niveau international. Au final, si je suis autant déçu c'est aussi parce que je le suis pour eux, cette bande de bénévoles taiseux qui bossent non-stop à la conduite de ce si fantastique projet sans jamais récolter les lauriers qu'ils méritent. A ce stade, "passionnés" n'est pas un terme assez fort vous qualifier les gars, franchement bravo pour tout ce que vous faites.
Et la suite alors ? Je n'en sais rien, on va digérer tout ça et se recontacter une fois la déception passée. Je vais juste vous retranscrire tels quels les derniers mots de Manu le Team Manager à mon encontre au moment de se dire au revoir : "heureusement qu'on a pas gagné aujourd'hui, comme ça on est obligés de revenir pour réessayer". Dire ça ce dimanche à 15h c'est à la fois fou, mais aussi typique du "Collectif Metissé" et c'est aussi pour ça qu'on les aime : "Une Moto et des Hommes"...

- PHOTOS -
( crédit : Team METISS © Renzo RenNa © Pierre Clément © Michel Picard )

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